ABANDON
Je sais que je suis en pleine dépression. C’est terrible de s’en rendre compte, mais étant déjà passée par là il y a… 4 ans pile poil, je sais dans quel pétrin je suis et je sais qu’il ne me faudra pas beaucoup pour que j’explose.
Je suis en pleine léthargie. Je n’ai le goût de rien et un manque incroyable d’appétit. Etant pourtant une grande mangeuse et une grosse gourmande, mon état psychologique est tel que si je n’avais pas ma fille à mes côtés et un semblant de motivation pour me bouger les fesses pour elle, j’aurais été comme un phoque échoué sur la plage, à regarder la télévision toute la journée, à me morfondre de la bêtise humaine, à penser comment serait ma vie sans lui et comment m’en sortir sans les miens à mes côtés.
J’ai envie de solitude, j’ai envie de me retrouver seule devant ma vie à faire le tour de ce que j’ai fait de bien et là où j’ai échoué lamentablement. J’avoue que si je n’avais pas rencontré Him, je serais, sans aucun doute, retournée à l’ile de la Réunion. Mais qu’est-ce que j’y aurais fait là-bas ? Reprendre mon ancienne vie ? Reprendre le boulot que j’avais avant ? J’aurais rencontré un autre homme et j’aurais la même pensée que j’ai aujourd’hui : « tous les mêmes ! ».
Pourtant, je suis là, à vous écrire, à me plaindre presque que ma vie m’échappe, mais malgré une idée quasi défaitiste, je n’ai pas peur. Je me prépare quand même à vivre le pire, à me forger ma carapace, mon armure au cas où. C’est ce que j’ai toujours fait d’ailleurs, me préparer au pire, voire même provoquer le pire afin de me prouver que je ne dépends de personne. Je regarde de haut ma vie, j’observe, telle une téléspectatrice, le déroulement de ces derniers jours. Je me dis que ma vie n’est pas forcément un fiasco, mais qu’il y a quelque part une incompatibilité d’humeur entre lui et moi. Je l’aime, c’est indéniable, mais j’ai du mal à supporter certains traits de son caractère. Je sais, tout le monde est pareil, et c’est pour cela que l’on entend souvent dire que dans un couple, il faut du respect, mais aussi une bonne dose d’indulgence et de patience. De l’indulgence, je pense en avoir à revendre, de la patience aussi. Beaucoup de choses au quotidien que Him fait ou dit me mettent hors de moi, mais je me dis que ce n’est pas grave, je l’ai choisi, je l’aime pour ce qu’il est et puis je ne vais pas en faire tout un fromage pour si peu. Or lui ne sait pas faire la part des choses : quelque chose ne lui plait pas, il faut que ça explose. Et il me reproche de ne pas en faire autant. Mais je n’aime pas exploser pour un rien, je n’aime pas être en conflit, je n’aime pas faire la guerre. Et cela se vérifie encore aujourd’hui, je préfère partir plutôt que de lui jeter des conneries au visage et surtout d’en prendre plein la gueule.
Alors, je tourne en rond. J’ai beau ressasser les évènements dans ma tête (de toute façon, je n’ai pas le choix, ils viennent d’eux-mêmes et semblent ne pas vouloir me quitter), même si nous nous mettons à discuter de nos difficultés, à nous dire que nous allons faire des efforts, dans un mois on sera reparti à se disputer de la même manière et c’est un cercle vicieux qui se reproduira encore et encore, malgré un dialogue présent, malgré des promesses, malgré des efforts… nous y reviendrons toujours, jusqu’à ce que l’un de nous rencontre quelqu’un que l’on pensera meilleurs ou que l’un de nous abandonne. Et je pense qu’en étant parti, c’est moi qui ai abandonné. J’ai baissé les bras parce que lasse de me faire traiter d’incapable, lasse d’entendre les mêmes reproches (reproches qui changent de forme à chaque dispute mais qui gardent toujours les mêmes fondements), lasse de tout. J’abandonne, c’est terrible, mais j’abandonne. Je n’ai plus la force, plus l’entrain de vouloir tout faire pour que nous allions mieux.