LA PREMIERE NUIT
Impossible de trouver le sommeil. Ce n’est qu’à une heure du matin que la fatigue me gagne et je décide d’aller me coucher. Je sais que ce n’est pas toi qui m’attends dans le lit. Je sais que c’est elle qui a pris ta place et l’envie d’aller m’endormir me fuit encore plus. Je monte quand même et m’allonge à ses côtés. Je ferme les yeux et nos dernières paroles défilent dans ma tête. Ton visage, la dernière fois que je t’ai regardé, s’anime devant mes yeux et mon cœur se serre. J’essaie de penser à autre chose, mais le cœur est trop lourd, tout passe en boucle dans mes pensées.
Je me retourne vers elle. Si elle n’avait pas été là, qu’aurais-je fais ? je sais que mes prochains jours seront rythmés d’activités tournés autour d’elle et de son âge. Je sais que ces vacances seront plus paisibles, mais elle n’arrête pas de sauter dans tous les sens, elle n’arrête pas de m’appeler et de me poser des questions.
La fatigue se fait ressentir encore plus. Je ferme les yeux à nouveau et tente de me plonger dans les ténèbres. J’entends un souffle, des petits ronflements. Je souris, ouvre les yeux et vois cette petite fille qui serre paisiblement son doudou contre son cœur. Je suis déçue, ce n’est pas toi là à mes côtés. Je ne peux pas poser ma tête contre ton épaule, ni poser ma main sur ta peau, ni sentir l’odeur de ton gel douche… je sombre enfin, pour être réveillée deux heures plus tard à coup de pied afin de me ramener encore plus brutalement à la réalité et me rendre compte que tu n’es pas là à côté de moi. Tu me manques à en crever. Je sais, c’est moi qui ai pris la décision de partir. Je ne voulais pas encore une fois faire subir à tes parents la même scène que l’année dernière et j’ai beaucoup de mal à être avec toi toute une journée en faire comme si tu n’étais pas là. Difficile de montrer une bonne mine à tes parents alors que ça ne va pas. Alors oui, j’ai pris le chemin de la facilité : la fuite. « C’est ce que tu fais le mieux » m’as-tu dis. Tu as surement raison.
La première journée s’est achevée loin de toi, sereinement, mais avec mon cœur qui pèse quand même aussi lourd qu’une pierre. Ca me démange de t’appeler, mais mon amour propre me l’interdit. Pas de nouvelle, éviter d’entendre le son de ta voix, éviter d’en prendre plein la figure, je ne m’en porterai que mieux. Alors j’évite d’avoir mon téléphone à mes côtés. Je le laisse sur vibreur. Si jamais tu appelles, j’aurai la surprise plus tard dans la journée. Mais cela ne m’a pas empêché de vérifier toutes les minutes pour voir si tu ne m’as pas envoyé un mot.
Ce soir je sais que je vais aller me coucher une nouvelle fois avec elle et je sais qu’encore une fois je vais être réveillée en pleine nuit par des coups de pied et je sais que la première pensée que j’aurai à ce moment là sera pour toi et le regret de ne pas être paisiblement endormi dans tes bras, mais en essayant aussi de me convaincre que j’ai pris la bonne décision de nous séparer. Je t’aime.